4ème volume d'une série dédiée à la musique et à l'esprit de Sun Ra. Le Quatuor Kronos célèbre actuellement un 50e anniversaire impressionnant en tant qu’entité musicale fonctionnelle, créative et révolutionnaire. À leur époque, ils ont collaboré aux confins du monde musical, redéfinissant les paramètres de ce que peut être un quatuor à cordes classique dans des œuvres intégrant le jazz, le folk, le punk, l'industriel, le minimalisme, l'avant-garde et le classicisme pop. Avant d’envisager tout cela, il faut également considérer le rôle qu’ils ont joué dans la reconnaissance de compositeurs modernes tels que Philip Glass et Steve Reich. Donc, qu'ils soient à la tête de ce dernier d'une série d'albums qui célèbre et explore la musique lointaine de Sun Ra, c'est un mariage qui va comme un astronaute et une combinaison spatiale. En fait David Harrington affirme très clairement que Sun Ra, dont la musique a navigué sur le jazz traditionnel avant de se lancer dans des explorations sonores audacieuses dans les domaines de l'électro et du mystique avant d'apercevoir à l'horizon un pays qui serait un jour connu sous le nom d'Afrofuturisme, appartient à juste titre au même canon comme d’autres grands du XXe siècle comme Miles Davis, Duke Ellington et Nina Simone. Mais pour exécuter cette excursion avec le panache requis, le Quatuor Kronos a fait appel à une équipe de cadets de l'espace tout aussi visionnaires issus du monde du jazz, de l'expérimentation, de l'improvisation et d'autres domaines de la composition contemporaine ; ce décollage va être explosif.
mardi 29 octobre 2024
Kreidler
Twists (A Visitor Arrives)
Bureau B - 2024
On ne s'est jamais complètement remis de la découverte de Kreidler en 1996 avec son album weekend. Kreidler, le groupe fondé en 1994 à Düsseldorf, dans la même ville de Kraftwerk avec qui le quatuor partage une certaine vision du krautrock : faire de la musique électronique hybride qui ressemble à tout sauf à du krautrock. 30 ans après, la formule n'a guère changé pour notre plus grand bonheur: un groove couetteux (comprendre : qui s’écoute facilement au lit) qui ne serait pas sans rappeler le premier album de Massive Attack, mais sans l’utilisation frénétique de samples, et le tout saupoudré de dub-kosmische dans ce qui ressemblerait à une mutation Frankenstein entre les Wailers et Cluster.
Duo nordiste composé d'un islandais et d'un représentant des iles Féroé, actif depuis 15 ans et auteur de deux albums splendides qui raviront ceux qui aiment ce son Electro que nous qualifierons "d'enveloppant", à la fois Deep et Minimal, mais avec des arrangements soyeux qui semblent occuper tout le spectre sonore. Il suffit de fermer les yeux et de se laisser emporter par les mélodies célestes venues d’ailleurs à commencer par un « Grown » annonçant parfaitement la couleur. En alliant une fois de plus rythmes technoïdes entêtantes et atmosphères célestes finement arrangés, Kiasmos gagne en profondeur mélodique tandis que de sublimes pièces à l’image de « Burst » mais aussi des ambiances aquatiques de « Sailed » ou vibrantes de « Laced » qui suivent avec toujours cette intensité qui prime abord. Une preuve que l’alchimie entre Ólafur Arnalds et Janus Rasmussen reste toujours aussi indéniable après toutes ces années.
L'expérimentateur britannique Kel McKeowen revient chez Kit Records pour son dixième (et soi-disant) dernier album sous son alias de Kelpe. Le Londonien revendique sa revendication habituelle quelque part entre une ambiance Electronica sans concession et un hédonisme cool tout en simplicité, bien que cette fois en s'appuyant sur des batteries acoustiques, des guitares et des synthés analogiques aux côtés de l'arsenal habituel d'effets numériques. Kelpe est toujours en mouvement, entre jazz lounge et drum and bass hyperactif sur « Events Prove Me Wrong » et « Dunderhead » ou simplement entre les instruments eux-mêmes, puisqu'il joue pratiquement tout ce qu'on entend ici. Écouter la musique de Kelpe peut donner l'impression de feuilleter rapidement un album photo. Des visages et des lieux familiers sont révélés, des scènes nostalgiques assemblées puis dispersées par des rythmes et des samples indisciplinés.
Révélation française de l'année en matière de Synth-Pop abrasive aux paroles juste hilarantes. Entre hymne comico-dadaïste et tubes simili underground, le résultat (qui peut sentir le procédé de temps à autre) se révèle régulièrement jouissif.
vendredi 25 octobre 2024
Découvert via l'ouvrage l'anti-discothèque idéale de Christophe Conte des Inrockuptibles, ce collectif suédois pratique une manière de Post Rock vaudou et psyché lorgnant autant du coté de l'Afrique, de l'Inde que du Krautrock de Can. Bref, c'est impossible à résumer et c'est tant mieux comme ça.
On ne présente plus Odd Nosdam (cf. ici) alias David Madson, membre des fabuleux Clouddead et du collectif Anticon (soit le meilleur du Hip Hop US dit "alternatif" ou "expérimental") jusqu'en 2004 puis producteur en solo auteur d'une quinzaine d'albums dont celui-ci sorti sur le label Alien Transistor des frères Asher de The Notwist. Si vous aimez le hip-hop abstrait post-millénaire composé d'effluves psyché, ceci est pour vous.
jeudi 24 octobre 2024
Mountains, c'est Brendon Anderegg et Koen Holtkamp, deux explorateurs sonores dont la longue histoire, les philosophies communes et l'amour de la sculpture du son ont donné naissance à certaines des musiques les plus denses et les plus heureuses créées de mémoire récente. Le duo est connu pour obscurcir les frontières entre instrumentation acoustique et électronique. Le résultat à forte teneur cinématographique oscille entre Ambient Post Rock, Drone et Field Recordings. Pas étonnant que le label de Chicago Thrill Jockey les ai fait figurer sur leur prestigieux catalogue.
Il s'agit d'un français, David Letellier, résidant à Berlin et auteur depuis 2006 d'une dizaine d'albums dont les premiers sont sortis sur l'exigeant label Raster-Noton fondé par Carsten Nicolai alias Alva Noto, chantre de l'expérimentation électronique minimaliste. Il s'agit ici de très beaux exercices Electronica comme Warp en sortait à la pelle il y a une vingtaine d'années, à la fois impressionniste, mélancolique, incisif et rêveur. Le type est à la recherche de couleurs inédites au-delà du spectre visible, il a exploré les limites de la musique de club et est revenu avec un ensemble de cristaux soniques prismatiques.
Sorti sur le toujours impeccable label français Tigersushi, l'inclassable et touche-à-tout producteur Joakim s'attaque au chef d'œuvre absolu de Fritz Lang, et ce après des pointures nommées Georgio Moroder, Dieter Moebius ou Jeff Mills. Le résultat est un sombre voyage dans les profondeurs de Metropolis, ses bruits industriels mais aussi ses moments de lumière à travers le personnage de Maria et Freder. De la ville dystopique construite par l’homme nait un chaos sonore fascinant.
vendredi 18 octobre 2024
Quand l'ex-Wire Colin Newman fonde le label Swim au début des 90's, il perpétue la grande tradition de l'expérimentation Post Punk de son ancien groupe, notamment via des structures hypnotiques et des colorations électroniques du meilleur effet. Sur son label, on se rappellera ainsi des formidables Silo mais aussi du projet Immersion, dans lequel on le retrouve en compagnie de l'ex-chanteuse et bassiste de Minimal Compact Malka Spigel, pour un résultat étonnant où rythmes lancinants, basses caverneuses et Ambient fantomatique mènent la danse.
Deux compilations de l'immense Giulano Sorgini, brillant compositeur peu connu par ici et qui, parmi tant d'autres, a donné ses lettres de noblesse à la Library Musc transalpine. Initialement sorti en 1971 sur la petite structure FAMA, Scappo Per Cantare est un petit « musicarello » (film de comédie musicale) pseudo-psychédélique diffusé. à la RAI avec les chanteurs italiens Gianni Morandi et Mauro Lusini. Quant à Musc For Strange Situations, il s'agit d'une compilation de 15 titres inédits, tous enregistrés entre 1978 et 1981 et destinés à être utilisés au cinéma, à la télévision ou à la radio. Comme le titre l'indique clairement, Music for Strange Situations tisse une tapisserie de paysages sonores inhabituels et excentriques.
jeudi 17 octobre 2024
On ne présente plus Gilbert Cohen alias Gilb'R, patron du meilleur label électronique français de ces 25 dernières années j'ai nommé Versatile, auteur d'une vingtaine de EPs mas bizarrement que d'un album que voici, synthèse parfaite de tous les genres Electro qui font à la fois danser, se reposer et réfléchir. C'est beau, puissant et fin dans le même mouvement, ce n'est pas l'œuvre d'un professionnel froid mais bien d'un véritable poète du digitale.
Ainsi donc il restait quelques fonds de tiroir et autres inédits live dans la discographie exceptionnelle du plus brillant groupe Post Rock américain (avec Tortoise) de ces 30 dernières années. Le duo composé de Davd Grubbs et Jim O'Rourke aura jusqu'au bout maintenu l'excellence dans cette esthétique inédite oscillant entre Americana, Folk, Electro-Acoustique, Minmalisme et Post Rock. Merci pour tout, merci d'avoir ouvert les portes de nouveaux mondes musicaux à toute une génération d'auditeurs en provenance du rock basique.
mercredi 16 octobre 2024
Un trio de l'Illinois auteur de 4 albums en 5 ans et qui est très largement influencé par les premiers Cure / New Order avec ses énormes lignes de basses et ses voix désincarnées. Du beau travail "à la manère de" et une collection de tubes en pagaille ! Mais que fait la police ?
Décidemment la galaxie Portishead n'aura cessé de faire parler d'elle depuis ses débuts au milieu des 90's grâce notamment à la fabuleuse carrière de Geoff Barrow au sein de Beak>, mais aussi à la splendide carrière solo de la chanteuse Beth Gibbons, tout en splendeur et en délicatesse comme le prouve son dernier album en date, qui bénéficie de la fine production de James Ellis Ford et du travail de l'ex-Talk Talk Lee Harris.
mardi 15 octobre 2024
On a appris tout récemment le départ de Geoff Barrow de la formation, mettant ainsi un terme (provisoire on l'espère) à 15 ans de carrière de la plus brillante formation Post Punk / Krautrock britannique. On va donc apprécier comme il se doit ce nouvel album, chef d'œuvre absolu comme le reste de leur discographie.
lundi 14 octobre 2024
On ne présente plus Uwe Schmidt, l'homme aux plus de 80 alias, couvrant tous les champs de la musique électronique (de la plus dancefloor à la plus expérimentale) et même au-delà, puisque son pseudo le plus célèbre reste Senor Coconut, maître du lounge sud-américain 2.0 et ses étonnantes reprises façon Mambo / Cumbia / Cha-cha du répertoire de Kraftwerk notamment. Ici on est clairement dans le pointu électronique fascinant, abstrait et glaçant avec ce After Aua qui apparemment est le premier numéro d'une future série. Les titres sont issus de ses audio archive et certains sont co-signés avec le légendaire Pete Namlook.
Beau chemin parcouru pour Anika, ancienne journaliste (et chanteuse des fabuleux Exploded View) qui s'est fait un nom sur la scène de la musique électronique avec ses collages sonores expérimentaux, ses textes conflictuels et sa manière unique de mélanger froideur Post Punk, voix mélancolique et désincarnée, Darkwave et Krautrock . Sa percée a eu lieu en 2010 avec la sortie du LP culte Anika qu'elle a enregistré avec Beak> à Bristol. On est effectivement très proche de l'esthétique du groupe de Geoff Barrow, autant dire que le résultat est incontournable.
Petit tour rapide dans la gargantuesque discographie (10 albums et 80 Eps) du producteur italien Maurizio Dami, spécialiste d'une Electro Pop robotique gavée d'influences New Wave et Italo-Disco, souvent pour le meilleur, quelque fois pour le pire. Après des détours vers l'Ambient et la World Music dans les 90's, il revient à ses racines Electro à partir de 2003 et devient une référence du dancefloor groovy.
samedi 12 octobre 2024
Bristol a toujours été une plaque tournante des marges musicales britanniques, comme l'ont prouvé dans les 90's le Trip-Hop de Massive Attack ou le Post Lo-Fi à brouillard de Crescent et Movietone. Aujourd'hui c'est au tour du Post Rock à tendance néo-classique de The Pirate Ship Quintet de nous estomaquer, avec cette bande-son austère et désolé à base principalement de cordes sublimes et d'arpèges guitaristiques pleureurs, situant ainsi cette formation comme des cousins british et éloignés des canadiens de Godspeed You Black Emperor ! Superbe.
Formation de Hambourg active depuis 1990, Station 17 a connu de nombreux changements de line-up ainsi que d'orientations musicales, même si le caractère instrumentale et la volonté d'expérimenter les orchestrations constitue un socle indéboulonnable. Après Mute au début des années 2000, c'est l'excellent label Bureau B (orienté Krautrock ancien et actuel) qui diffuse leur production, en l'occurrence un excellent Post Rock accompagné de sa déclinaison électronique avec des remixes signés Efdemin, Ada ou Pantha Du Prince.
vendredi 11 octobre 2024
Formation de Düsseldorf maniant avec habilité éléments Krautrock, New Wave et Electro mélodique pour un résultat fort efficace. Pour info, leur nom vient d'un vieux téléfilm allemand de 1970, Le Jeu des Millions, où un candidat doit survivre à une chasse à l'homme réelle, filmée par 20 caméras. S'il ne se fait pas tuer au bout de sept jours, il empoche le pactole. A l'époque de sa diffusion, des centaines de jeunes n'ont pas capté qu'il s'agissait d'une FICTION et ont postulé auprès de la chaîne TV comme candidats pour les rôles des chasseurs ou du chassé.
Dans la famille Weatherall on ne présente plus Andrew, génial producteur / compositeur qui fut à l'origine du mariage entre les scènes Dance et Rock en étant à la production du fameux Screamadelica de Primal Scream en 1990. Il faudra aussi compter sur son frère Ian qui, en compagnie de Duncan Gray, forme le duo Sons Of Slough, vu l'année dernière au festival Convenanza de Carcassonne (évènement dont Andrew est à l'origine). Un mélange détonnant entre New Wave, Italo Disco, Psyché et Electro robotique et groovy façon Detroit qui réunira beaucoup de monde sur les dancefloors.
jeudi 10 octobre 2024
Le génial, inclassable et touche-à-tout Pascal Comelade est au meilleur de sa forme foutraque avec cet opus oscillant entre esprit Rock et collage dadaïste, bien dans la lignée de l'œuvre (45 ans de carrière et des collaborations tout azimut) de ce créateur hors-norme. En réalité, tous les adjectifs que l'on pourra essayer d'accoler à sa musique sont condamnés à être forcément réducteurs.