Nick Cave & Warren Ellis
The Assassination of Jesse James by the coward Robert Ford (BOF)
Mute - 2007
Pendant longtemps la musique de western fut surtout affaire de grandes cavalcades au lyrisme débordant de clichés inhérents au genre. Dans ce registre, Dimitri Tiomkin (Rio Bravo c'est lui) fut l'un des plus prolifiques et des plus emblématiques compositeurs des 50's. L'arrivée de Morricone et de son univers empruntant à l'opéra son aspect le plus élégiaque et baroque provoqua un séisme dont on mesure encore les conséquences aujourd'hui. Gimmicks sonores outranciers, facilités mélodiques et désirs de dissonance, voix humaines utilisées comme instrument, ironie et distanciation, la marque du maéstro est indélébile et la bande originale opère un double mouvement contradictoire entre fusion absolue avec l'image (comment concevoir une simple réminiscence mentale d'un film de Sergio Leone sans Morricone) et mise à distance (la bande originale prend ses quartiers dans le champs critique, objet d'étude et d'idôlatrie indépendamment de la qualité du film). En parallèle, les 60's & 70's voit le western mourir à petit feu et renaître dans ses marges avec l'apparition d'oeuvres crépusculaires (Peckinpah et consorts) narrant le plus souvent des trajectoires d'individus solitaires et inadaptés face à un monde qu'ils ne comprennent plus. Musicalement, ces dérives tragiques sont illustrées par des scores rejetant les envolées passionnées et privilégiant le minimalisme austère et contemplatif, à l'instar de cette BO signée Nick Cave et son compère des Bad seeds Warren Ellis, toute en retenue et délicatesse.