Low
C'mon
Sub Pop - 2011
Pendant longtemps ils détinrent le titre officieux de groupe le plus lent du monde. Avec leurs accords fantômatiques joués à deux à l'heure, le temps enfin suspendait son vol, manière pour l'auditeur de voir enfin passer les anges. De 94 à 97, on trouve trois pépites frappées du sceau de l'élégance froide (I could live in hope, long division et the curtain hits the cast) et un sommet conclusif en forme d'apothéose expérimentale: songs for dead pilot, un ep invraisemblable sorti sur le label phare du post-rock congelé de l'époque, Kranky, la maison mère des premiers Labradford, Jessamine et Bowery Electric. Un choix logique tant ce ep frappait les esprits par ce parti pris génial d'explorer les couches de silence entre les quelques notes éparses qui illuminaient le disque. Un néant fascinant qui rappelle le Monte Hellman de Macadam à deux voies quand celui-ci s'empare du road-movie en se focalisant uniquement sur les temps morts (genre changement de pneu ou plein de super) plutôt qu'aux courses poursuites. C'est un peu ça d'ailleurs les disques de Low: des courses poursuites mais à pieds, très lentement, avec des protagonistes unijambistes mais pas sourds. Pour vous en convaincre, plongez vous dans leur relecture du transmission de Joy Division: entre le couplet et le refrain, Ian Curtis aurait eu le temps d'écluser un pack de bière et d'acheter le bon modèle de corde au Castorama du coin avant de se pendre.
Mais le problème du surplace, aussi magnifique soit-il, c'est qu'on finit par reculer sans s'en apercevoir. Ainsi donc le trio, au début de carrière parfait, finit par s'éloigner gentiment mais sûrement de nos coeurs trop solitaires. A force d'être lent, on loupe des trains. Tout fout le camp, même le charme. On prend quand même des nouvelles de temps en temps, histoire de vérifier qu'ils ne se sont pas mis dans la reprise du répertoire de Black Sabbath. Apparemment non.
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