Ce n'est pas encore le wall of sound de Phil Spector mais force est de constater que le dernier album en date de Sleaford Mods est de loin le plus luxueusement produit avec un son plus étoffé qui ne nuit aucunement à l'efficacité du propos toujours aussi amère et cynique sur la vie quotidienne dans l'Angleterre néo-libérale post Thatcher.
On a déjà évoqué ici le cas de Jon Brooks et de son groupe The Belbury Circle. Le voici ici seul maître à bord de son projet The Advisory Circle (toujours sur le label Ghost Box) avec cette même obsession concernant les sonorités électroniques analogiques Vintage 80's. Son travail s'inscrit dans la lignée des productions de la Library Music de l'époque, quand celle-ci découvrait le monde merveilleux des synthétiseurs.
Attention chef d'œuvre ! Il s'agit ici du premier album d'une formation parisienne centrée autour du journaliste David Sanson qui oscille entre Post Rock et Folk neurasthénique. Pas une faute de goût ni de baisse de tension, tout l'album s'écoute les yeux fermés et l'on pleure quand on les réouvre. Même si cela n'atteint pas le niveau stratosphérique de Madrid, les fans de ces derniers peuvent et doivent se précipiter sur cet opus bien isolé dans la production française de l'époque. Trois autres albums suivront dans les années 2000 sans oublier une relecture de celui-ci (avec de prestigieux invités en guise de remixeurs) en 2014, ainsi qu'un 7 titres sorti chez Arbouse Recordings en 2004.
The Belbury Circle est un duo composé de Jim Pupp (co-fondateur du label Ghost Box) et de Jon Brooks (collaborateur du label Trunk Records, qui a beaucoup œuvré pour la redécouverte de la Library Music 70's et par ailleurs membre de The Advisory Circle) qui se situe avec cet unique album dans la nouvelle mouvance Synth Wave 80's réactualisée au goût du jour. Pour les amateurs de musiques d'illustration et de sons synthétiques analogiques, qui remarqueront au passage la présence aux vocaux de John Foxx, figure légendaire du genre car membre d'Ultravox jusqu'à son départ en 1979 pour une brillante carrière solo.
The Alvaret Ensemble est un collectif anglo-néerlandais formé au printemps 2011 à l'initiative des musiciens Greg Haines, Romke Kleefstra, Sytze Pruiksma et du poète Jan Kleefstra, soit une petite constellation de musiciens issus des sphères classiques, néo-classiques ou contemporaines, jonglant avec les étiquettes, les approches stylistiques, usant des instruments à loisir afin de composer différentes toiles musicales, dépeindre des panoramas exhalant un onirisme délicat. Quelques grappes de notes courant sur le clavier, des arrangements à cordes virevoltant dans l'atmosphère, une poignée d'arpège fugitifs, un soupçon de spoken word, des drones posés là pour hanter l'auditeur, des textures sonores de plus en plus insaisissables, le collectif évolue sur les territoires musicaux de The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble et de son side-project (faux)-jumeau The Mount Fuji Doomjazz Corporation avant de s'en retourner voguer vers horizons plus calmes.
On a déjà évoqué ici le cas invraisemblable de The Album Leaf, projet de Jimmy Lavalle, par ailleurs membre important de la communauté Hardcore de San Diego dans les 90's, ici sur un mode musical opposé où la finesse, la mélancolie et le sens des grands espaces neurasthéniques règnent en maître. On a affaire ici à un véritable trésor caché de l'Indie Post Pop US dont The Album Leaf, avec sa rigueur et son sens moral, représente la quintessence suprême, un peu à la manière de Piano Magic en Angleterre. Même discographie foisonnante, même volonté de collaborer avec des artistes extérieurs à sa sphère, même sens du maintien d'un cap esthétique exigeant et en dehors des modes passagères, même don pour fusionner textures électroniques et acoustiques dans un grand bain où dominent le calme et la volupté.
Variations autour de fragments, l'avant-dernier album du groupe, avec des versions live, remixes et inédits. Du haut niveau pour une formation de 30 ans qui a su créer un son unique entre profondeurs mélancoliques, froideurs électroniques expérimentales et rythmes aussi aliénants qu'addictifs.
Peut-être pas le plus connu, mais certainement l'un des plus beaux disques d'Ambient / Post Rock sorti par Kranky, label référence du genre. Il s'agit ici de l'unique album d'un duo composé de l'artiste audiovisuelle Christina Vantzou et d'Adam Wiltzie, ce dernier ayant un CV particulièrement chargé puisqu'il a collaboré à de nombreuses pépites signées Labradford, Flaming Lips et Mercury Rev. Il est aussi derrière les formations Stars Of The Lid, Aix Em Klemm et A Winged Victory For The Sullen. Bref un stakhanoviste du genre qui signe ici un nouveau chef d'œuvre.
On commence une petite série de EPs signée Black Dog, les maîtres absolues (en compagnie d'Autechre et d'Aphex Twin) de l'Electronica old-school britannique. Pureté du son et du style, sans compromission ni volonté de coller aux styles changeant de ces 30 dernières années (et Dieu si il y en a eu). Ken Downie est toujours aux commandes (Ed Handley et Andy Turner ont quitté le navire pour former Plaid) et ces derniers collaborateurs (de Dust Science Recordings) se nomment Martin & Richard Dust. Gloire à eux.
2 pépites méconnues signées par le maestro. Sardegna fait partie d'une fameuse série documentaire de la TV italienne (1966-1978) intitulée l'Italia vista dal cielo qui parcourait toutes les régions d'Italie en exploitant à fond les beautés des paysages et de l'architecture. Musicalement, les grands noms de la Soundtrack et de la Library Music italienne se sont illustrés et ont déployé des trésors d'imagination en matière d'arrangements pour tenter d'égaler les beautés sur l'écran. Morricone s'y colle donc avec le numéro consacré à la Sardaigne en 1972. La même année, il compose un autre bijou pour un giallo méconnu intitulé l'Ultimo Uonmo Di Sara et réalisé par Maria Virginia Onorato.
Au rayon Big Band expérimental, The Heliocentrics est certainement ce qui est arrivé de mieux dans le genre depuis une bonne dizaine d'années. Remixant allégrement l'esprit Sun Ra avec le Psychédélisme 70's, le Krautrock allemand avec des matières organiques aussi variées que le Dub et le Hip Hop, n'oubliant pas les textures électroniques et les déhanchements Funk, collaborant autant avec Melvin Van Peebles que Mulatu Astatke, ces musiciens évitent tous les pièges de la surdose référentielle ou technique et nous emmènent tout simplement ailleurs, là où les limites de l'imagination n'existent pas.
On vous propose ici le disc 4 de cette anthologie du Kronos Quartet, regroupant des œuvres composées par Philip Glass: le quartet N°4 (Buczak), le N°3 (Mishima Quartet), le N°2 (Company) ainsi que le N°5. Evidemment il faut aimer les cordes impressionnistes mais le résultat rappelle le génie de cette formation qui a su dépoussiérer la tradition du quatuor et la faire rentrer dans la modernité Post Machin Chose.
Dernier maxi en date pour notre chouchou grenoblois, Michel Amato alias The Hacker, prince d'une Electro Dark 80's depuis un mythique album co-signé avec Miss Kittin en 2001, ici en duo avec le producteur Laurent Paranthoën alias Commuter pour un formidable exercice de style Electro Techno tubesque à souhait.
Entre Ambient, Dark et Drone, un disque passionnant signé Thomas Tilly et Jean-Luc Guionnet. Le premier utilise le microphone et le haut-parleur comme principaux instruments de création. Son travail s'articule autour de l'étude des environnements sonores et de leur confrontation avec les espaces dans lesquels ils existent, s'appuyant à la fois sur la recherche musicale expérimentale et scientifique. Le second est saxophoniste adepte des musiques libres et improvisées. Le tout est une pièce basée sur la relation entre l’architecture et l’acoustique de la cathédrale St Pierre, de Poitiers. S’articulant autour d’expériences acoustiques informelles et d’une étude du site, l'œuvre est contrainte par ce que l’espace peut générer comme bruits :d’une part l’environnement sonore propre à l’édifice et d’une autre : l’orgue, utilisé ici comme un générateur de sons.
Les éternels oubliés écossais du palmarès de l'Indie-Pop britannique des 90's, ici avec ce deuxième album parfait. C'est bancal, à la limite du faux et du fluctuant, jamais carré mais toujours juste pour ce qui est des harmonies qui touchent au cœur. A quand une place à leur nom dans la bonne ville de Glasgow, célèbre pour ses poteaux carrés et sa Pop qui pour le coup ne l'est pas ?
De son vrai nom Stefaan Vandenbergue, il s'agit avant tout d'un fameux producteur radio devenu un grand DJ et qui depuis 20 ans nous gratifie d'une série impressionnante de compilations mixées aux allures de Best Of regorgeant de tubes Electro dancefloor jusqu'à plus soif, véritable photo instantané de la scène en question à une époque donnée. Ici nous sommes en 2002 et les pépites sont signées Crème De Menthe, Bangkok Impact, Japanese Telecom, Adult. ou Drexciya.
