Yo La Tengo
Fakebook
City Slang - 1990
Il reste sûrement des ignares qui ignorent, ce n'est pas rare, et au fond rien de plus normal. Remarquez, on les plaint et on les envie un peu en même temps. Le niveau de jouissance résultant de la découverte de ce trio composé d'une vieille qui pourrait vendre des fruits et légumes à l'Intermarché du coin, d'un gros gras qui tient le kébab et qui vous demande toujours si vous voulez de la sauce blanche (et ce n'est pas un code stupéfiant), et d'un grand dadais genre école de commerce qui gratouille dans sa chambre le soir au lieu de réviser (il n'aura jamais son diplôme), approcherait on s'en doute l'apothéose de la félicité. Un truc de oufs comme disent les jeunes qui n'écouteront jamais je la tiens. Non ce n'est pas une vulgarité, juste la traduction littérale et espagnole de surcroit, je la tiens, oui, comme je tiens le bon bout, le bout du graal sans gras, celui de la pop tellement pure qu'on se voit dedans. Et le plus drôle dans ce fourbi n'est pas qu'il soit entièrement farci de reprises (le trio aurait pu parfaitement les écrire sur un coin de table, en cinq minutes, juste avant de partir sur la route dans ce qu'on imagine être un vieux combi VW bien éssoufflé avec le sticker non au nucléaire coincé en dessous du feu stop arrière droit) mais bien qu'il ne constitue même pas leur meilleur album. Trop fort on vous dit.
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